À quoi servent nos sens ? Avant tout à notre survie. Ils scannent constamment et automatique­ment notre environnement pour repérer à temps les dangers afin de pouvoir les éviter, et pour être capable de choisir les conditions les plus favorables à notre survie et notre bien-être. Car le bien-être est aussi un aspect important de notre survie. La sensation – agréable, désagréable ou neutre – évalue chaque perception sensorielle et nous donne une première impression sur ce qu’il convient d’accepter ou d’éviter ; la perception nomme ensuite les expériences sensorielles et les compare avec des expériences similaires du passé ; puis la pensée examine et analyse ces premières impres­sions pour nous assurer qu’elles sont bien correctes et pour choisir les stratégies appropriées ; la conscience sensorielle mémorise enfin toutes les phases du processus afin de pouvoir s’y référer dans le futur. 

Le processus sensoriel et mental, même s’il est très sophistiqué, ne nous empêche pas de faire des erreurs et de mettre souvent notre vie en danger. Mais les erreurs sont aussi enregistrées et vont constituer des références importantes pour le futur, parfois trop (chat échaudé craint l’eau froide). C’est le plus souvent notre pensée qui nous trompe, parce qu’elle est conditionnée, surtout dans le monde moderne, par beaucoup d’informations inutiles et souvent fausses que nous avons tendance à croire comme si elles étaient la vérité. En général, nous pensons trop et nous n’écoutons pas assez nos impressions sensorielles – qui sont notre lien direct avec le monde matériel qui nous entoure – et les sensations corporelles qui leur sont liées ; alors que la pensée nous plonge souvent dans un monde virtuel illusoire que nous prenons à tort pour la réalité.

Heureusement, dans les cas graves, notre instinct de survie va saisir l’impression sensorielle avant l’intervention du processus mental …

16 avril 2016, Chiang Mai