Partager ma vue de la situation
J’ai l’impression qu’il faut que je commence à écrire sur la situation mondiale actuelle. C’est une intuition que j’ai depuis plusieurs semaines, mais, depuis que j’ai commencé à écrire, il y a une semaine, j’avais encore des doutes, surtout sur la façon d’écrire, de traiter ce sujet très sensible, même s’il me paraît aujourd’hui incontournable. Aussi, ce matin, j’ai décidé de commencer. Ces derniers temps, j’avais l’idée d’écrire sous la forme d’un roman, en situant l’action dans un pays, ou sur une planète imaginaire. Car il me semble impossible d’écrire sous une forme de documentaire ou de reportage, car on ne connaît pas les faits de façon fiable. Toute l’histoire de la crise sanitaire du covid, qui dure maintenant depuis deux ans, ressemble plus à de la fiction qu’à de la réalité. Quand on dit, comme l’affirment certaines religions orientales, que la réalité matérielle, la réalité phénoménale, est une illusion, une construction mentale, il est bien difficile de ne pas s’en rendre compte aujourd’hui. Dans le passé, on avait généralement une perception directe, des phénomènes ou des événements que nous considérions comme réels, une perception au moyen de nos sens physiques, la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût, qui était ensuite interprétée par le sens du mental. Aujourd’hui, une grande partie de nos perceptions sont virtuelles, ce sont des informations de seconde, de troisième ou de nième main, qui nous sont transmises par des moyens audiovisuels douteux, qui permettent toutes les manipulations, corruptions et falsifications des données. Si bien que plus rien n’est fiable, ce qui ne veut pas dire que dans le passé nos perceptions étaient fiables. Disons que quand on pouvait voir les choses de nos propres yeux, entendre des sons avec nos oreilles et toucher ce qu’on voyait avec nos mains, on avait l’impression de percevoir une forme de réalité crédible, même si en réalité ce n’était pas le cas. Mais ceci est un autre sujet.
La plupart des informations que nous recevons aujourd’hui sur la crise actuelle nous sont transmises par la télévision, les journaux, les livres, et surtout par l’internet. Nous avons tous été émus par les histoires de certains romans et nous nous sommes identifié à leurs héros ou héroïnes. C’est encore plus vrai pour le cinéma, pour les films. Et si ce n’est pas précisé clairement, qui peut faire la différence entre une histoire vraie et une histoire inventée, entre un reportage d’actualité et un film de fiction. Comment savoir ce qui est vrai ou non dans le discours d’un homme politique, dans un article scientifique ou dans une vidéo tournée dans un studio de télévision, dans la rue ou dans un hôpital ? C’est simplement impossible, il ne faut pas se faire d’illusions, ou se croire assez malin pour discerner à coup sûr le vrai du faux dans les milliards de documents disponibles sur l’internet.
Donc à quoi peut-on se fier ? Je dirais à son intuition et à son bon sens. Sont-ils plus fiables ? Au niveau absolu, certainement pas, mais au niveau relatif oui. S’il n’y a pas de vérité absolue dans le monde phénoménal, il y a des vérités relatives. Ma vérité est une vérité relative à laquelle j’adhère, qui me semble juste et crédible, même si je ne peux pas la prouver. L’intuition est l’autorité la plus fiable dont dispose l’être humain dans son développement actuel. Elle est plus fiable que l’autorité physique ou énergétiques, que l’autorité émotionnelle, et surtout que l’autorité mentale, dont deux des principaux aspects sont la logique et la mémoire, très peu fiables l’un et l’autre. Pourtant ce sont ceux sur lesquels fonctionnent nos ordinateurs, nos téléphones portables, et aussi l’intelligence artificielle, auxquels on voudrait donner une autorité absolue.
L’autorité émotionnelle n’est pas fiable du tout, car elle perçoit la réalité comme bien ou mal, comme agréable ou désagréable, comme désirable ou haïssable, en passant sans cesse d’un extrême à l’autre de la dualité. Mais c’est plus la puissante, celle qui domine les autres et a souvent le dernier mot. C’est aussi celle à laquelle s’adressent en priorité ceux qui veulent manipuler et dominer les autres, et le monde. L’autorité physique et énergétique est liée au corps physique, à la matière, à des processus chimiques et nerveux inconscients dont les effets conscients sont interprétés de façon empirique par le mental et le centre émotionnel. L’intuition, par contre, se situe à un autre niveau, qui transcende les niveaux physique, émotionnel et mental, et qu’on pourrait appeler un niveau spirituel. L’intuition parle avec une toute petite voix, et elle ne répète jamais deux fois ses messages. La plupart des gens ne l’entendent pas ou n’y prêtent pas attention, et appellent souvent intuitions leurs réactions émotionnelles. Pour être en contact avec son intuition, il faut faire des pratiques comme la méditation qui permettent de prendre de la distance, du recul, par rapport aux messages du corps, des émotions et du mental, et encore, tant qu’on n’est pas complètement éveillé, on se laisse souvent berner par leurs voix enchanteresses.
Donc, si je veux écrire sur la situation actuelle, je vais essayer d’écouter mon intuition, de lui laisser faire un tri dans tout ce que j’ai vu, lu, entendu, ressenti, pensé depuis deux ans, sachant que c’est un tri arbitraire, et qui m’est personnel. Je n’affirme pas que ce que j’écris soit vrai, et je ne veux convaincre personne. La plupart des informations que je partage, je les ai lues ou entendues, certains vont les considérer comme des vérités, d’autres comme des fake news, chacun est libre de ses croyances. Je ne donne pas de sources, puisque de toute façon aucune source n’est absolument fiable, mais quiconque fera un petit travail de recherche pourra les retrouver. Libre à lui ensuite d’en penser ce qu’il estime approprié : c’est sa vision des choses, ce n’est plus la mienne. Il y a aussi des choses que je n’ai ni lues ni entendues, mais que j’ai vues de mes propres yeux dans le monde extérieur, et des choses que je pense, ou que j’invente. C’est ma créativité, mon inspiration, le côté fictif que j’ajoute à l’histoire. Mais comme personne ne peut dire si l’histoire, l’histoire de l’humanité, l’histoire du monde, l’histoire de l’univers, est de la réalité ou de la fiction, les passages de fiction de mon histoire ne sont peut-être pas les moins vrais. Si j’y réfléchis, je ne crois pas un mot de ce que j’écris, ce ne sont pas des croyances, ni des suppositions, ni en tout cas des prédictions, peut-être parfois des espoirs, même s’ils peuvent sembler complètement utopiques, car je suis fondamentalement optimiste, et c’est probablement le plus grand défaut de quelqu'un qui voudrait être objectif. Mais je ne veux pas être objectif, je veux partager ce qui me parle, ce que je vois, que j’entends, que je ressens, non pas dans le monde extérieur, mais dans mon monde intérieur, dans mon cœur. Si la vérité vient du cœur, c’est cette vérité que j’ai envie de partager. Mais je sais que c’est une vérité que les matérialistes appelleront de la fiction, de l’imagination, ou les délires pernicieux d’un déséquilibré, d’un fou… le fou que peut devenir parfois tout auteur qui écoute son intuition.
7 janvier 2022, Chiang Mai