Le mur de la lumière
Le mur de la lumière est la limite au-delà de laquelle les images du passé (qui s’éloignent de nous) et celles du futur (qui ne nous sont pas encore parvenues) n’échappent plus à notre conscience présente : elle perçoit alors toutes choses en dehors des limitations du temps. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de causalité. Passé le mur de la lumière, il n’y a plus de mouvement, mais une immobilité lumineuse ; il n’y a plus de formes non plus, mais seulement une lumière éclatante qui remplit tout l’espace (y a-t-il toujours un espace ?). C’est la vitesse limitée de la lumière qui produit la succession des formes : la danse des apparences. Au-delà du mur de la lumière, c’est la vacuité super-lumineuse : la superposition dans un instantané de tous les phénomènes, passés, présents et futurs. La conscience totale, universelle, qui a transcendé le mur de la lumière, est donc éternelle, omniprésente et omnisciente.
Une fois qu’on franchit le mur de la lumière, il n’y a plus de vitesse : la vitesse est en même temps infinie et nulle ; la notion même de vitesse ne peut plus exister, puisqu’il n’y a plus de temps.
11 novembre 1991, Bangkok